Notre Planète a déjà connu des périodes chaudes mais aucune n’est analogue à celle vers laquelle nous entraîne l’augmentation actuelle de l’effet de serre car l’origine des réchauffements était différente. La seule façon de se projeter vers l’avenir est donc de s’appuyer sur des modèles climatiques. Le passé est cependant riche d’informations pertinentes vis à vis du futur de notre climat. Evoquons en trois exemples.

Les glaces de l’Antarctique indiquent que, depuis 800.000 ans, les concentrations en CO2 et CH4 n’ont jamais été aussi élevées qu’aujourd’hui et révèlent une remarquable corrélation entre climat et effet de serre.

Celui-ci n’est pas la cause première des grands cycles climatiques dont l’origine est liée aux variations d’insolation résultant des modifications de l’orbite terrestre, mais a constitué un puissant amplificateur des variations entre périodes glaciaires et interglaciaires. En témoigne la séquence des événements observés lors d’une déglaciation : réchauffement en Antarctique suivi de l’augmentation du CO2, qui elle-même précède la fonte de la calotte glaciaire de l’hémisphère nord et y a contribué

En effet, seuls les modèles combinant insolation, effet de serre et glaces continentales rendent compte de la rigueur des périodes glaciaires et des déglaciations. Les données du passé illustrent donc bien le lien entre effet de serre et climat.

Les glaces du Groenland et d’autres archives ont mis en évidence l’existence de variations rapides et importantes qui révèlent la fragilité de notre climat et donnent une crédibilité à la notion de surprise climatique.

Enfin, lors du dernier interglaciaire, de quelques degrés plus chaud qu’actuellement, il y a 125000 ans, le niveau de la mer était de 4 à 6 mètres plus élevé pour partie à cause d’une fonte importante du Groenland. À échéance de quelques siècles une élévation de plusieurs mètres est envisageable ce qui rend encore plus indispensable de maintenir notre climat aussi proche que possible de celui d’aujourd’hui.


Jean Jouzel est chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE-IPSL), ancien directeur de l’IPSL, médaille d’or du CNRS en 2002 avec Claude Lorius, président de la Société météorologique de France et vice-président du GIEC.

Dominique Raynaud est directeur de recherche émérite au Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement de Grenoble (LGGE) et a été membre du GIEC.