L’accès à la ressource en eau est un enjeu pour l’humanité. Cette ressource est d’une part répartie irrégulièrement sur le globe, et d’autre part très dépendante du climat. Dans certaines régions, comme la zone Méditerranéenne, cette ressource est limitée, alors que la demande est en augmentation.
Évolution de la hauteur de neige moyenne de décembre à avril, de l’hiver 1960/61 à l’hiver 2007/2008 sur le site du Col de Porte (1320m., massif de la Chartreuse, Isère, France). L’année dans la légende correspond à la deuxième année de l’hiver. © Centre d’études de la neige, CNRM-GAME URA1357 (Météo-France, CNRS)
La neige saisonnière et les glaciers, sont une composante significative de cette ressource. Les mesures en France montrent une baisse de l’enneigement au cours des dernières décennies à basse et moyenne altitude, en liaison avec l’augmentation de la température. Les glaciers, pour leur part, sont en récession depuis 150 ans environ. Cette récession n’est pas régulière, mais on constate depuis les années 1980 une diminution particulièrement rapide des glaciers, liée à une fonte estivale forte. Les analyses directes des débits des rivières sont difficiles, en raison de l’influence humaine (prélèvements, barrages, etc.), mais dans certains cas des tendances concordantes à celles observées sur la neige et les glaciers ont été détectées.
Site du Col de Porte. © Centre d’études de la neige, CNRM-GAME (Météo-France, CNRS)
Il faut s’attendre à des impacts forts sur le cycle hydrologique en France en liaison avec le réchauffement attendu au cours du XXIème siècle. L’évaporation plus forte, conjuguée à une diminution de l’apport nival et glaciaire, entraînera un assèchement des sols plus prononcé et plus rapide au printemps ainsi qu’une recharge moindre des nappes. Les conséquences sur les débits des rivières seront significatives : l’étiage estival sera allongé et en diminution de 20 à 30% à partir du milieu du siècle dans certains cas. Cet impact important sera bien évidemment modulé par l’intensité du changement du climat (température et précipitations), mais de nombreuses questions scientifiques devront être résolues pour le préciser : quantification des incertitudes des scénarios climatiques, des modèles climatiques et d’impact, importance des facteurs autres que ceux liés au climat, prise en compte des politiques d’adaptations.
Éric Martin est responsable de l’équipe Modélisation surface-atmosphère-hydrologie couplées du Groupe de météorologie à moyenne échelle au CNRM-GAME (Météo-France, CNRS).